Un Plaidoyer cri de cœur en faveur d’une refondation profonde des pays Africains postcoloniaux (Partie 1) : par le biais d’une certaine lecture de l’instabillité d’un continent.
Par le Professeur MESSI ONGOLA : Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé (l’ENSPY).
D’après une sagesse universelle, l’histoire doit toujours servir de repères et de bases de projection vers l’avenir. C’est sur cette histoire contemporaine que nous allons nous appuyer pour argumenter un plaidoyer cri de cœur en faveur d’une refondation profonde des pays Africains postcoloniaux.
Pendant plusieurs années, les coups d’Etats ont été considérés comme un fléau tropical, sévissant principalement en Afrique et en Amérique latine. Certains analystes politiques les ont interprétés comme les dégâts collatéraux de la guerre froide qui a immédiatement succédé à la seconde guerre mondiale. Cette guerre sourde et hypocrite à laquelle se livraient par procuration deux camps, l’un capitaliste et l’autre communiste. Il s’agissait pour chaque camp d’imposer à la tête des différents pays du globe, le maximum de pantins manipulables à distance, à travers des fils presque invisibles à l’œil nu. C’est dans ce cadre que la France a été nommée gendarme d’une Afrique décrétée par la même occasion sa zone d’influence. D’où son souci d’installer à la tête des pays nouvellement indépendants des ‘‘Bons Nègres’’. Au sens du colonisateur et même de l’esclavagiste, un ‘‘bon Nègre’’ est celui qui accepte de se laisser couler docilement dans le moule, que ses oppresseurs ont fabriqué pour lui. Il accepte volontiers son statut de sous-homme. Il loue la mission civilisatrice de la colonisation. Il se propose volontiers de jouer les suppôts du colon ou de l’esclavagiste, ce qu’il considère comme un immense honneur et une grande marque d’estime. Il se met à disposition pour trahir et maltraiter avec beaucoup zèle les siens, met toutes ses forces dans la balance pour assurer la réussite de l’œuvre des bourreaux de son peuple et lui-même. Son rôle devient redoutablement maléfique lorsqu’il pousse sa cruauté au point de donner une bonne conscience au persécuteur attitré de son peuple. Celui-ci se gargarisera alors d’être moins méchant que ces barbares de ‘‘Nègres’’ qui méritent d’être absolument civilisés. Si une poignée de colons aventuriers a réussi à s’assurer le contrôle de pratiquement toute l’Afrique, c’est en partie parce que les troupes coloniales étaient composées en majorité d’Africains recrutés dans d’autres territoires du continent. Au Cameroun par exemple, la barbarie Allemande avait pour agents d’exécution des troupes sénégalaises qui ont un temps séjourné sur un site à Yaoundé que l’on a depuis baptisé ‘‘DAKAR’’. Il y avait aussi des troupes béninoises cantonnées en un lieu désormais baptisé ‘‘ABOMEY’’ et des troupes malgaches au quartier ‘‘MADAGASCAR’’ à Yaoundé. C’est l’occasion de rappeler ici que le sinistre HITLER n’a rien inventé. Adolf a tout juste soumis les populations européennes aux mêmes traitements que les Allemands réservaient aux humains de leurs colonies et même de leurs protectorats.
L’utilisation des Africains contre d’autres africains n’était pas non plus une spécialité allemande. RUBEN NYOBE a été trahi par des camerounais, puis exécuté par un tirailleur tchadien, qui n’a pas hésité à tirer sans sommation sur un homme désarmé. En droit, cela ne constitue pas un acte de guerre, ni un acte de combat, mais un crime de guerre. C’est l’occasion de rappeler ici la différence qui existe entre un combattant et un criminel. S’attaquer à une garnison militaire est un acte de guerre posé par les combattants. Par contre, s’attaquer à une école maternelle ou primaire est un acte criminel et terroriste posé par des barbares déshumanisés, qui ne méritent pas le statut de combattants. Beaucoup recherchent de la gloire sans avoir effectué le moindre exploit.
Tous les pays colonisateurs se sont servis des troupes recrutées dans les territoires colonisés pour exécuter leurs basses manœuvres. Lorsque le colonisateur français s’est retrouvé en difficultés dans sa guerre contre l’Allemagne NAZIE, il a été contraint de solliciter l’aide des peuples colonisés en leur promettant la liberté en échange en cas de victoire. Lorsqu’il a fallu tenir cette promesse, il a été pris du même syndrome que le pharaon de la Bible qui, après avoir été forcé de libérer les juifs, a tenté désespérément de les ramener à la case départ, c’està-dire en esclave en Egypte. Heureusement pour le peuple juif, il n’a pas réussi. Malheureusement pour les peuples africains, ceux qui les détenaient ont réussi à les retenir d’une autre manière. Il se raconte que le Général DEGAULLE, après avoir tenu dans la journée un flamboyant discours sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, s’est pris de remords de retour à L’ELYSEE, et a ainsi crié sa consternation : « Ils s’en vont !!! ». Conséquence de cette illustre déprime ; pleins pouvoirs et moyens illimités ont été accordés à Monsieur Jacques FOCCART pour engendrer la France – Afrique. Etrange mutation d’un grand émancipateur des peuples en un Pharaon, version contemporaine. Il n’était plus question de liberté, mais de remplacer des gouverneurs Blancs par des gouverneurs Noirs, terme que Monsieur FOCCART lui- même utilisait pour désigner les Présidents Africains Post- Indépendances. Les candidats au gouvernorat noir se devaient d’être de très ‘’bons Nègres’’, d’une loyauté à toute épreuve. Qui peut assumer ce rôle mieux que ceux qui ont risqué leur vie pour la France, qui ont servi sous les ordres des officiers français et, qui ont prêté un serment de fidélité à ces supérieurs militaires, qu’ils ont été conditionnés à aduler et à obéir sans condition. Ces démobilisés de l’armée coloniale, qui étaient rarement des officiers, ont été pour la plupart remis à la disposition des nouveaux Etats indépendants. C’était très souvent pour prendre la tête des nouvelles armées naissantes. Ils étaient ainsi placés à des postes stratégiques pour perpétrer des coups d’Etats militaires à la commande. Les conditions étaient réunies, pour que soit tirée la première salve de ces coups d’Etats, dans ce que l’on a désigné par le précarré africain de la France. Le premier à passer à l’action a été le sergent EYADEMA, qui n’a pas hésité à éliminer physiquement le premier Président du Togo indépendant, SYLVANUS OLYMPIO. Celui-ci n’appréciait pas du tout ces combattants qui ont choisi de combattre du mauvais côté de l’histoire, en participant au massacre des braves Indochinois, qui ne faisaient que réclamer la liberté sur la terre de leurs ancêtres, ou à celui des nationalistes dans les bleds algériens. Rappelons que les Algériens ont gardé un très mauvais souvenir des exactions des tirailleurs de l’armée coloniale française, ressortissants de l’Afrique subsaharienne. Toujours est-il qu’à la tête de ce pays, c’est le fils EYADEMA qui a succédé à son père jusqu’aujourd’hui.
Nous pouvons également nous rappeler de cet autre putsch militaire perpétré par Jean Bedel BOKASSA contre son cousin David DACKO en République Centrafricaine. Celui-là même que le Général DEGAULLE surnommait le ‘’soudard’’, et qui en retour l’appelait ‘’papa’’. Cela avait le don d’irriter farouchement le Président Français, qui n’avait pas spécialement envie d’avoir un négrillon comme fils. Excédé, il l’aurait publiquement tancé en ces termes : « Ne m’appelle plus papa compris ? ». Ce à quoi il aurait répondu : « oui, père ».
Plus tard, il a adopté un cousin français du nom de Valery GISCARD D’ ESTAING. Il s’est ensuite autoproclamé EMPEREUR DE CENTRAFRIQUE lors d’une coûteuse cérémonie de sacre, calquée extenso sur celui de son idole NAPOLEON BONAPARTE. Ceci lui a valu d’être déchu par son cousin devenu Président de son pays. Il se raconte que le feu colonel BOUBA KAELE, pendant longtemps commandant du quartier général à Yaoundé, et frère d’armes de BOKASSA en Indochine, aurait révélé que celui-ci aurait servi comme ‘’marmiton’’.
Rappelons que dans ‘’marmiton’’ il y a marmite. Ce pays connait jusqu’aujourd’hui des crises à répétition.
Autres acteurs des coups d’Etats militaires réputés avoir été télécommandés par les réseaux France–Afrique, il y a MOUSSA TRAORE du Mali et SEYNI KOUNTCHE du Niger. Ces deux pays limitrophes ont connu des évolutions chaotiques à peu près semblables, où se sont succédés des coups d’Etats et des intermèdes démocratiques. Ils se retrouvent aussi aujourd’hui tous les deux en situation de transition militaire, et en état de très grande détestation de la France. Détestation qui a pratiquement viré à la rupture avec ce pays très frère jadis.
Cette France qui a toujours disposé d’une base militaire au Tchad, a souvent été accusé d’avoir joué un jeu trouble dans la longue période de déstabilisation de ce pays. Cette déstabilisation s’est caractérisée par des guerres civiles et des coups d’Etats de toutes sortes. On peut rappeler : assassinat du Président TOMBALBAYE ; intermède Felix MALLOUM ; coups de force du rebelle du front de libération nationale du Tchad (FROLINAT), GOUKOUNI OUEDDEI ; renversement de GOUKOUNI par un autre rebelle des forces armées du nord (FAN) du nom de HISSENE HABRE. Celui-ci sera chassé du pouvoir par un colonel de son armée, ayant en plus des liens familiaux avec lui. Il s’agit d’Idriss DEBY, qui lui-même a connu une fin tragique, laissant son pays dans l’état où il se trouve aujourd’hui. Ce qui a permis à son fils de s’en accaparer dans les conditions que nous connaissons tous.
La main invisible de la France a également été soupçonnée dans les soubresauts qui ont rythmé la vie politique en Haute Volta-Burkina Faso. Le Premier Président du pays nouvellement indépendant a été renversé par un coup d’Etat militaire, qui sera suivi par d’autres dont celui perpétré par le Capitaine SANKARA à la tête d’un quarteron de capitaines et de commandant. Il sera plus tard renversé et exécuté par l’un de ces derniers. Il s’agit de Blaise COMPAORE qui dans sa lancée, se débarrassera peu après, des deux autres éléments du quarteron. Lui-même sera obligé plus tard de débarrasser le plancher suite à une révolte populaire. Après un intermède démocratique, ce pays vient de connaitre deux coups d’Etats successifs, qui lui valent de se trouver aussi en ce moment en situation de transition militaire. Il est également en état de rupture avec la France, à l’image du Mali et du Niger. Les trois pays ont d’ailleurs formé l’Alliance des Etats du Sahel (AES). On ne peut que leur souhaiter d’engager une réflexion profonde, en vue d’une refondation toute aussi profonde des pays de leur alliance. C’est l’unique condition de leur réussite.
Pour bien montrer qui commandait, la France s’employait à faire échouer tous les
coups d’Etats qui n’étaient pas de son initiative. C’est ainsi qu’elle a enrayé la tentative de
putsch contre l’Abbé FULBERT YOULOU du Congo Brazzaville. C’est également ainsi qu’elle a réinstallé le premier Président Gabonais Léon MBA sur son fauteuil, après avoir déjoué une tentative de coup de force. Malgré tout, certains pro-marxistes ont réussi leurs coups.
C’est le cas de Marien NGOUABI toujours au Congo Brazzaville, même comme il a fini luimême assassiné. C’est également le cas du Béninois Mathieu KEREKOU qui a par la suite, résisté victorieusement à une tentative de déstabilisation orchestrée par le mercenaire de lugubre renommée BOB DENARD.
La probabilité pour que la France ait intervenu dans le processus de renversement du Premier Président Algérien AHMED BEN BELLA par le Colonel BOUMEDIENE est cependant très faible, et ceci compte tenu des rapports tumultueux qu’entretiennent les deux pays depuis la fin de la colonisation. Par contre, elle a concouru à la déstabilisation des pays anciennement colonisés par d’autres. Le cas le plus emblématique est celui du Congo Zaïre où un complot collectif occidental a réclamé et obtenu la tête du Premier Ministre de ce pays, Patrice
LUMUMBA. Ici, celui qu’on a installé à la tête d’une armée embryonnaire n’avait jamais fait partie des troupes coloniales. Joseph Désiré MOBUTU s’était d’abord essayé au journalisme.
Il a ensuite tout juste eu l’opportunité d’effectuer son service militaire. Le Premier Ministre
LUMUMBA avait très peu d’estime pour lui, et ne croyait pas qu’il possédait d’immenses capacités de soldat. C’est pour cette raison qu’il le consultait très peu avant la prise de décisions militaires. Ce qui a créé un certain ressentiment entre les deux hommes et qui peut, en partie, expliquer le fait que le soldat n’ait pas hésité à trahir son Premier Ministre. C’est peut-être par cynisme ou par achat de conscience, que ce dernier lui avait gratifié les galons d’une fulgurante ascension qui ne correspondaient, ni à ses compétences, ni aux services rendus à son pays. Pour le plus grand malheur de son pays et peut-être de toute l’Afrique, celui-ci s’est pris au jeu, et a commencé à se prendre pour un génie militaire, puis pour un génie politique, pour finir par se prendre pour un génie de tout. Il était très certainement sous l’emprise des nuées de flatteurs qui ne manquent jamais. Sous les ordres des ennemis de son pays, il a trahi le Premier Ministre qu’il a livré ensuite en pâture au katangais Moise TSCHOMBE. Il s’est ensuite retrouvé à l’étroit dans les fonctions qui était les siennes, ce qui l’a incité perpétrer un coup d’Etat contre son Président KASAVUBU. En tant que Président de la République et Chef Suprême des Forces Armées, il estimait que cela lui donnait le droit de toujours être le plus haut gradé de tous ; d’où une politique de promotion surréaliste, qui ne tenait aucun compte des critères d’efficacité, mais qui l’a conduit à s’auto proclamer Marechal. Il expliquait lui-même cette mesure par la nécessité de libérer un espace qui devait lui permettre de nommer des Généraux, qui ne pouvaient qu’être qu’en dessous de lui. Il est tout à fait possible que le procédé soit à l’origine des problèmes que rencontre l’armée congolaise aujourd’hui, face aux rebelles du M 23, et de leurs soutiens désormais démasqués. Toujours est-il qu’il a été maintenu au pouvoir, coûte que coûte par les pays occidentaux. On se souvient encore de cette intervention de la légion étrangère française dans la cite minière de KOLWEZI, pour sauver le fauteuil et même la tête du Marechal. Il a fallu attendre la fin de la guerre froide, pour que ces mêmes pays occidentaux l’abandonnent, à portée des troupes de KABILA père.
Cette radioscopie ne doit en aucun cas laisser croire que cette instabilité politique ne
concernait que les pays francophones. L’Empereur d’Ethiopie HAILE SELASSIE a été renversé par le militaire MENGISTU HAILE MARIAM. Chez les anglophones, le Nigeria a connu une guerre civile et beaucoup de coups d’Etats militaires. En Ouganda, IDI AMIN DADA a renversé le Président MILTON OBOTE. Au Libéria, le sergent-chef Samuel KOE DOE a égorgé le président William TOLBERT. Au Ghana, le Capitaine d’aviation Jerry RAWLINGS s’est emparé du pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, l’a remis aux civils quelques années plus tard, et est revenu ensuite au pouvoir par voie démocratique. Le Zimbabwe est sous sanctions économiques occidentales depuis la réforme agraire qui a privé quelques propriétaires blancs des terres qu’ils exploitaient jusque-là, et dont ils s’étaient accaparés par force. La tourmente n’a pas épargné l’Afrique lusophone. Après avoir lutté côte à côte lors de la guerre de libération de l’Angola, le MPLA, l’UNITA et le FNLA ont ensuite plongé leur pays dans la guerre civile, synonyme de souffrance, de misère, de pleurs, de sang et de sueur de leur peuple. Ils étaient en cela poussés au crime par leurs commanditaires et financiers réciproques, en calcul de faire main basse sur les énormes potentialités en hydrocarbures de leur territoire. Finalement, Jonas SAVIMBI de
L’UNITA fait partie de ceux qui ont fait les frais de la fin de la guerre froide. Il a été sacrifié à l’autel de la victoire au monde libre. Le militaire OBIANG NGUEMA a renversé son oncle Macias
NGUEMA. La Guinée Bissau a connu une période critique de troubles et d’assassinats politiques.
Ainsi, pendant les trois premières décennies qui ont suivi la proclamation de leurs
indépendances, les pays africains ont été confrontés à des secousses multiples. On peut citer : les coups d’Etats sus-évoqués, les guerres civiles et autres rebellions qui pouvaient dans certains cas, être fomentés de l’étranger. Dans ces conditions, l’Afrique ne pouvaient que demeurer dans le sous-développement et sombrer dans la misère, la famine, la maladie et dans d’autres diverses catastrophes. Que personne ne considère ces propos comme une tentative de dédouanement. On pouvait aussi résister, comme d’autres l’ont fait dans d’autres continents. Il s’agit ici de nous inspirer de la réaction d’un parent qui voit son enfant glisser, tomber par terre et rester couché en pleurant. Tout parent normalement constitué, ordonnera fermement à cet enfant de se lever immédiatement et de cesser de pleurer. Cela revient à recommander à cet enfant d’apprendre à se relever après les nombreuses chutes qui parsèmeront son parcours terrestre. Nous devons nous appliquer à nous-mêmes ce que nous recommandons à nos enfants. Actuellement, notre chute est symbolisée par cette épidémie de coups d’Etat militaires qui affectent actuellement notre continent.
La meilleure façon de nous relever serait de procéder à la refondation profonde de nos Etats
africains postcoloniaux. Même si ceux de la Guinée Conakry et du Gabon n’ont pas été justifiés par des impératifs sécuritaires, ils ont tous un point commun : toutes les juntes au pouvoir ont affiché leur ambition de procéder à la refondation de leurs différents pays. Tous ceux qui ont conservé une certaine capacité de faire appel à leur bon sens, peuvent facilement s’accorder sur l’urgence de transformer cette nécessité en objectif premier. Souvenons-nous de ce jeune Gabonais, aperçu à la télévision, entrain d’arpenter les rues de son pays, d’une manière qui rappelait les philosophes du temps de DIOGENE, pour déclarer à qui voulait l’entendre que tout était à refaire. Réjouissons-nous beaucoup, du fait que le Président de la transition malgache, ai prêté serment comme Président de la refondation de son pays. Souhaitons tout le succès qu’il mérite à ce pays très frère. Il est cependant capital de garder à l’esprit, que la réussite d’une telle entreprise, dépend presqu’entièrement de la méthodologie adoptée. Elle doit donc être définie avec grand soin et sans la moindre précipitation. On doit donc y consacrer le temps nécessaire. Voilà ce qui doit constituer la première étape de notre réflexion. Nous devons d’ores et déjà convenir que cette refondation, si elle se veut profonde, ne doit jamais s’effectuer sous pression, ni à la ‘’va-vite’’. Nous devons éviter le piège de transformer cette noble et difficile entreprise, en un simple ‘’remplissage de formalités’’, question de nous donner bonne conscience, ou de faire illusion. Les générations futures ne nous le pardonneront jamais. Avant de proposer quelques idées sur la méthodologie qu’on pourrait adopter, nous allons présenter quelques arguments supplémentaires, en faveur de cet œuvre qui nécessitera beaucoup d’efforts, et beaucoup d’abnégation. Il est important de convaincre les plus sceptiques, dans la mesure où la participation de tous, ou du plus grand nombre, augmente considérablement les chances de réussite. Nous devons prendre conscience qu’il s’agit là de notre seule voie de salut, et même de notre seule voie de survie, dans notre jungle mondialisé. Le premier argument que nous développerons en seconde partie de cet article traitera de la nécessité de liquider le passif colonial.